Avec ou sans baisse des taux, la prophétie autoréalisatrice des bourses mondiales

L’envolée des bourses depuis la mi-janvier finit par l’emporter sur le sentiment des investisseurs, malgré les déceptions macroéconomiques persistantes. Si les baromètres Sentix ne sont pas exceptionnellement vigoureux, ils sont progressivement mieux orientés, à l’exception près de l’Allemagne, ce qui n’a pas empêché le Dax de s’offrir une progression de plus de 3 % depuis le début de l’année. En tête de peloton, cependant, les Japonais ont vu leur confiance récompensée par une envolée de plus de 12 % du Nikkei, supérieure de 3 % à celle du Nasdaq ou de 7 % aux hausses du CAC et du Stoxx.

Alors que, Japon excepté, les taux d’intérêt ont partout poursuivi leur correction à la hausse, la saison de résultats meilleurs qu’attendus a permis de digérer le contrecoup du décalage dans le temps des anticipations de baisses des taux directeurs, tout en ouvrant la voie à un rattrapage sectoriel plus généralisé, de facto, plus favorable à un retour de la confiance et de l’appétit pour le risque.
A ce stade, peu d’éléments semblent, de fait, en mesure de venir perturber la tendance, en apparence, résolument haussière des marchés boursiers…

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

La FED parviendra-t-elle à baisser ses taux avant la présidentielle américaine ?

La question se pose avec de moins en moins de détours au vu de la tournure de la conjoncture américaine, quand bien même peu l’abordent, encore, aussi directement ; les marchés s’accrochent irrésistiblement à la perspective d’une détente monétaire et les économistes, dont nous sommes, rechignent dans leur majorité à leur montrer une voie radicalement différente, malgré la multiplication d’éléments contrariants depuis le début de l’année : rapport sur l’emploi, salaires, inflation, bourses…

Sans doute, la brutalité du changement de contexte explique-t-elle, en partie, cette réticence. Il n’est pas si facile d’abandonner ce qui a façonné les esprits depuis plus d’un an, surtout si la Fed elle-même, y semble très attachée et si le seul fait de ne plus pouvoir envisager de pivot pourrait créer une telle onde de choc sur les marchés que les anticipations de baisses des taux pourraient, illico, réapparaître…

L’affaire n’est assurément pas simple. Banques centrales et économistes tâtonnent mais reconnaissons que rien ne justifie plus de considérer qu’un scénario de baisse des Fed Funds s’imposera naturellement, ni au premier semestre ni, si cela se vérifie, probablement, au second. En l’absence de changement radical de la conjoncture et du contexte financier, les chances que la Fed baisse ses taux d’ici à l’élection présidentielle du mois de novembre deviennent, donc, de plus en plus faibles.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Deutsche qualität, wo bist du ?…

… Ou, le manque stupéfiant de vision stratégique des Européens.

La menace d’une dépendance excessive de l’Allemagne aux exportations d’une industrie trop gourmande en énergie et en main d’œuvre, amenée à être dépassée par ses concurrents en développement, par le progrès technologique et par la démondialisation annoncée, n’a guère été prise au sérieux en Europe. Convaincus que les succès passés de l’industrie allemande indiquaient la voie de la réussite, les Européens ont plus souvent vanté les mérites de l’exemple allemand que l’inverse. Il fallait, pourtant, une bonne dose de naïveté pour penser que le modèle survivrait sur le long terme. Car, si l’industrie allemande a su tirer un grand parti de l’ouverture des frontières, le miracle s’est éteint dès les premiers temps de la raréfaction des échanges mondiaux, avec un coup d’arrêt à la croissance de la productivité industrielle, il y a, déjà, plus de dix ans.

Depuis, quand bien même la croissance du PIB allemand a plutôt mieux résisté que dans les autres pays à la politique de déflation compétitive imposée aux pays de la zone euro pour suivre le bon exemple, l’industrie manufacturière outre-Rhin n’a plus fait grand-chose, en effet. Une fois les déboires de la crise de 2008 épongés, la production n’a que ponctuellement été supportée par le surcroît de demande américain des lendemains de l’ouragan Harvey de 2017, avant de fléchir puis de crouler sous le double choc du covid puis de la crise énergétique de 2022. En décembre 2023, l’indice de production manufacturière était inférieur de 15 % à son record de 2017, de retour sur ses niveaux de 17 ans en arrière. L’heure de gloire du modèle allemand et, avec elle, l’ossature de la stratégie économique européenne, avait, alors, définitivement sonné. Quels sont donc les maux de l’industrie allemande et qu’envisager pour sortir de ce faux pas ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Les tribulations des marchés après les banques centrales et le rapport sur l’emploi américain

Malgré l’appel d’air créé par les anticipations de baisses des taux directeurs, quand bien même un peu plus tard qu’escompté, tout ne tourne pas très rond sur les marchés occidentaux ces derniers jours. Les réactions disproportionnées des cours boursiers à des surprises, bonnes ou mauvaises, d’une importance sans commune mesure avec ce qu’elles provoquent, a quelque chose d’éminemment dérangeant. La valse des étiquettes est féroce pour celui qui voudrait profiter d’un alignement supposé des planètes pour instiller un peu plus de risques à sa stratégie d’investissement. Elle l’est d’autant plus quand la chute de 50 % de l’action d’une banque régionale américaine fait figure de principal remède à l’indigestion provoquée par l’éloignement de la perspective d’une baisse des Fed Funds en mars après le FOMC de mercredi, ou, quand, parmi les actifs les plus réactifs aux propos de J. Powell se trouvent plus de métaux précieux que d’industriels et que les indices chinois sont à deux doigts d’enfoncer de nouveaux planchers.
Trouver des points d’ancrage stratégiques devient, décidément, bien difficile, même pour les plus convaincus par l’opportunité que représente l’approche d’un pivot de la politique monétaire. Cerise sur le gâteau, la publication de données sur l’emploi américain bien meilleures qu’escompté vient non seulement verrouiller la porte à une baisse des Fed Funds en mars mais fragiliser, de surcroît, l’hypothèse d’un possible report du pivot au mois de mai. Dès lors, même la position par défaut du spectateur embarqué dans des marchés, en apparence résolument haussiers, pourrait se révéler bien plus instable qu’imaginé.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Lentement mais surement, la déflation chinoise passe les frontières de l’Empire du Milieu

Quand les anecdotes se multiplient, sans doute, faut-il commencer à y porter plus d’attention. En l’occurrence, trois faits nous ont interpellés ces dernières 24 heures.

  • Le FT de ce matin qui titrait, en substance : l’indice Nikkei réagit négativement aux déceptions sur l’inflation japonaise. Non pas que cette dernière se soit envolée mais, tout l’inverse, aurait déçu par sa faiblesse…
  • Le fait que cette nouvelle succède à la chute de l’action Tesla, en réaction, certes, à ses résultats décevants mais, semble-t-il plus encore, aux propos d’E. Musk sur l’influence négative de la montée en puissance des constructeurs chinois sur les perspectives du secteur, contraint de baisser ses prix…
  • Enfin, l’évolution des propos de Mme Lagarde sur la fin des boucliers tarifaires, subrepticement devenue source de fragilité des perspectives conjoncturelles, plutôt que risque de sursaut inflationniste.

Sans doute ces éléments seraient-ils ignorés si le diagnostic de la déflation chinoise n’avait pas été révélé de manière aussi flagrante à l’occasion de la publication des comptes nationaux de l’Empire du Milieu la semaine dernière. Mais quand ce qui reste l’atelier du monde subit une baisse annuelle de 1,5 % du déflateur de son PIB, la question de son influence sur l’inflation mondiale peut difficilement être évitée, surtout lorsque son industrie se taille la part du lion dans un secteur aussi emblématique que celui de l’automobile.

Alors que les regards restent très largement figés sur les risques d’inflation, de nombreux indicateurs montrent ces derniers temps, une montée des pressions déflationnistes. Sans remettre en question le caractère structurellement plus inflationniste des problématiques d’insuffisance ou d’accès à la ressource, ces éléments sont néanmoins susceptibles de changer la donne de court terme. S’ils facilitent le reflux des taux d’intérêt et soutiennent par là-même la confiance des investisseurs dans les actions, ils ajoutent simultanément aux pressions sur les marges des secteurs industriels les plus exposés et révèlent une réalité toujours très complexe de l’environnement mondial dans lequel rien ne semble acquis. Si la déflation chinoise est éminemment nocive aux perspectives domestiques de l’Empire du Milieu, elle pourrait avoir des avantages certains pour bon nombre de ses industries les plus stratégiques. De quoi alimenter le terreau d’une prochaine guerre commerciale ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

L’immobilier, pierre angulaire des perspectives 2024 et principale source d’incertitude

Reprise, agonie, chute : les perspectives du marché immobilier occupent une place de premier rang dans l’élaboration des scénarios économiques et financiers pour l’année 2024. De celles-ci dépendent, pour une très large part, les prévisions de croissance, d’inflation et d’emploi, sans parler des problématiques de richesse et de risques financiers. Le graphique ci-dessous illustre, entre autres, ce que pourraient donner différents scénarios immobiliers en termes d’inflation sous-jacente américaine cette année et, de facto, en matière de perspectives de taux d’intérêt.

La question est loin d’être seulement américaine et concerne la plupart des économies développées, bien qu’avec des caractéristiques spécifiques, parfois très différentes d’un pays à l’autre. Malgré des pénuries d’offre quasi-généralisées, la hausse des loyers est, par exemple, loin d’avoir été aussi élevée qu’aux Etats-Unis dans le reste du monde développé. L’impact du secteur sur l’inflation est donc loin d’être uniforme et le rendement escompté d’un investissement immobilier est également très fluctuant. Par ailleurs, les baisses de prix immobiliers ont parfois été beaucoup plus brutales, avec un impact sur l’activité de la construction plus marqué et des effets richesse potentiellement plus importants.

Au total, envisager les perspectives immobilières à travers le seul spectre de l’évolution des taux d’intérêt, comme l’incite aujourd’hui la perspective d’un apaisement des tensions sur les conditions de financement, paraît assez réducteur. Alors, quels diagnostics dresser ? Les cas de figure sont assez différents d’un pays à l’autre.

Lire la suite…

Quelles perspectives pour l’industrie mondiale ?

La reprise post-covid des services, maintenant, derrière nous, c’est en large partie des développements industriels que dépendent les perspectives 2024. Or, c’est peu de dire que le sujet divise les économistes. Les plus optimistes voient dans la baisse de l’inflation et des taux d’intérêt les éléments porteurs d’une reprise de la demande de biens de consommation et d’investissement, à même de réveiller une dynamique mondiale en souffrance depuis deux ans. Ceux-là ont eu gain de cause au cours de dernières semaines de l’année dernière qui ont vu la performance des valeurs industrielles largement surperformer les indices boursiers, en même temps que revenait l’appétit pour les cycliques et, plus généralement, pour le risque.

Le vent a néanmoins tourné en début d’année, offrant aux plus négatifs l’occasion d’une revanche, simultanément portée par les doutes sur l’ampleur de la désinflation, les médiocres PMI et indicateurs d’activité industrielle, lesquels ne portent cependant que sur la fin de l’année dernière. Quelle école est dans le vrai ? Nous tentons d’y voir plus clair.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Les vœux (pieux ?) des marchés pour 2024

Le millésime 2023 aura été de rare qualité pour les marchés financiers, sur lesquels les plus grandes classes d’actifs ont enregistré des gains très conséquents, en dépit d’un contexte général particulièrement chahuté et, pour tout dire, bien peu encourageant. Les indicateurs Sentix du climat de confiance des investisseurs ont rarement connu période aussi longue et généralisée de déprime qu’en 2023, en effet.

A quoi pourrait ressembler 2024 ? Le feu d’artifice du mois de décembre s’est éteint début janvier. Après avoir salué, comme il se doit, les espoirs confortés par la Fed d’un assouplissement des conditions monétaires cette année, les investisseurs ne pourront se contenter des seules attentes de repli des taux d’intérêt pour prendre davantage de risques. Les perspectives de croissance et d’inflation, l’évolution du contexte chinois ou celui de l’immobilier mondial, les retombées de l’IA sur la productivité, sans parler des développements sur le front politique ou géopolitique sont autant de critères qui s’imposeront aux décisions d’investissement de ce début d’année. Quel serait le scénario idéal et que dire sur chacun de ces points aujourd’hui ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre