Inflation : guerre commerciale vs. guerre des changes

Les anticipations d’inflation sont jusqu’à présent restées insensibles aux menaces de guerre commerciale, continuant à pointer vers moins d’inflation à court et moyen terme pour l’ensemble des économies occidentales. Les différends commerciaux se muant progressivement en guerre des changes, c’est sans doute les évolutions des taux de change qui rebattront les cartes sur l’inflation. Force est de constater que le dollar et l’euro s’apprécient. Dès lors, l’hypothèse de repentification de la courbe de Phillips, sous-jacente au scénario de hausse de l’inflation de la BCE, paraît audacieuse (article: Inflation & courbe de Phillips, le pari optimiste de la BCE). Dans le cas des Etats-Unis, dollar et hausse des tarifs douaniers semblent former un jeu à somme nulle (article: Guerre commerciale : quel impact sur l’inflation américaine ?). À moins d’un possible choc fiscal comme en France (article: France : Hausse de TVA ?), le risque sur l’inflation reste à la baisse.

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Que cache la force tranquille qu’incarne le président chinois, Xi Jinping ?

Mais qu’attend le président chinois pour clouer le bec à Donald Trump ? Avec 1187 milliards de bons du Trésor américains dans ses caisses, soit près d’un cinquième du stock des titres de la dette publique des Etats-Unis détenus par les non-résidents, la Chine dispose, a priori, d’une arme de choix qui pourrait faire trembler les entreprises, actifs financiers et immobiliers américains, si elle venait à en user. Xi Jinping pourrait, sinon, procéder à une dévaluation de grande envergure en ajustant le taux de change de sa monnaie une bonne fois pour toutes plutôt que de le laisser glisser doucement -mais surement – ces dernières semaines ; il trouverait là un moyen de compenser une partie des droits douanes imposés à l’entrée des produits chinois sur le marché américain promis par D. Trump. La spéculation sur la stratégie que pourrait privilégier le président chinois va bon train depuis l’annonce en début de semaine d’un gonflement à 200 milliards de dollars de la cible de produits chinois visés par les mesures protectionnistes américaines. Car avec 130 milliards d’importations en provenance des Etats-Unis, le gouvernement chinois devra trouver des ressources additionnelles aux seules taxes à l’entrée pour répliquer à la hauteur des attaques de D. Trump. Le sujet n’est pourtant pas si simple qu’il n’y paraît et prédire quelle sera la stratégie de Xi Jinping semble, à ce stade, assez périlleux.

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La Banque d’Angleterre a un problème : l’absence d’inflation ! Mais devrait passer outre

L’affaire était pliée, la banque d’Angleterre relèverait le niveau de ses taux d’intérêt en mai, après une première hausse en novembre. L’inflation à plus de 3 % en fin d’année dernière, la croissance soutenue des salaires et celle du crédit justifiaient ce changement à venir, selon les dires même du président Mark Carney qui annonçait début février plus de hausses plus rapides que prévu de ses taux directeurs. C’était il y a deux mois….

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Commerce mondial : une reprise sans les émergents

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Les échanges mondiaux ont retrouvé un peu de vigueur depuis la fin de l’été. L’amélioration de la conjoncture européenne explique une bonne part de cette embellie. De son côté, la demande américaine se réoriente plus favorablement depuis le milieu d’année. Enfin, les importations japonaises accélèrent, affichant une croissance de 5 % l’an en volume au cours des derniers mois malgré la forte dépréciation du yen. L’amélioration est donc générale et commence à porter ses fruits en matière d’activité, tout au moins du côté des pays développés.

Manquent, en effet, à ce tableau réconfortant les pays émergents pour lesquels la situation témoigne toujours d’une anémie atypique de croissance de la demande en importations. À l’origine de cette anomalie : la faiblesse des achats chinois et ses effets de diffusion sur l’activité exportatrice des autres pays émergents, le nouveau rôle joué par le Japon et l’inertie de la demande de biens d’investissement. La locomotive du commerce intra régional asiatique et, plus largement, celle de l’ensemble des pays émergents s’en trouvent très ralenties.

Ces tendances pondèrent l’enthousiasme suscité par les signaux encourageants en provenance du monde développé.

Quand la Chine se replie sur elle-même…

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A la question d’une possible fermeture de l’économie chinoise récemment posée dans notre dernier moniteur du commerce mondial, nous répondons aujourd’hui par l’affirmative : l’économie chinoise se replie bel et bien sur elle-même.

Ce mouvement s’explique par une combinaison de facteurs qui ont tout lieu de se révéler durables, à savoir :

  • un changement de nature de l’investissement inhérent à la tertiarisation de l’économie,
  • une plus grande présence des entreprises étrangères sur le territoire chinois,
  • une stratégie de développement accéléré vers les secteurs à plus forte valeur ajoutée,
  • une plus grande contrainte extérieure.

Après dix années au cours desquelles l’ouverture du marché chinois a fini par faire de la Chine le principal contributeur à la croissance des échanges internationaux,  les conséquences de cette transition sont potentiellement considérables et d’ores et déjà notables dans un certain nombre de secteurs clés de l’économie mondiale. On constate en particulier :

  • une anémie de la demande chinoise de biens d’équipement (43 % des importations chinoises en 2005, le tiers aujourd’hui),
  • de moindres débouchés pour les produits à haute technologie, que la technicité ne protège plus de la concurrence chinoise,
  • la percée de producteurs chinois dans bon nombre de produits bruts transformés, tels l’acier ou de nombreux pans de l’industrie chimique, réduisant de facto la dépendance du pays aux fournisseurs étrangers.

Les effets en cascade de ce changement de paradigme chinois sont considérables :

  • sur les pays de la chaîne de production chinoise, victimes d’un ralentissement marqué de leur activité : il s’agit en tout premier lieu de Hong-Kong, de la Malaisie ou de Taïwan,
  • sur les fournisseurs de biens d’équipement de la Chine que sont en particulier l’Allemagne, le Japon et la Corée du sud,
  • sur la dynamique du commerce international et sur celle, en retour, de la croissance économique mondiale aujourd’hui privée des effets d’entraînement issus de la multiplication des échanges,
  • enfin, sur les revenus des entreprises européennes qui dans les secteurs touchés – les biens d’équipement en particulier- ne retrouveront pas dans les autres marchés émergents les pertes de débouchés qu’elles enregistrent aujourd’hui sur le marché chinois.