Zoom arrière Septembre 2018 – Quand l’économie américaine n’est plus locomotive

Après plus d’un demi-siècle au cours duquel le tempo de la conjoncture américaine a fait, à de rares intermèdes près, celui du reste du monde, le lien semble rompu. Fruit des écarts de politique budgétaire, des attaques protectionnistes de D. Trump à l’égard de ses partenaires et, simultanément, d’une influence grandissante des effets richesse sur le comportement des entreprises et ménages américains, l’isolation des Etats-Unis s’est accentuée ces dernières semaines. Forts d’une croissance insolente, de la puissance de leurs monopoles numériques et du mutisme des anticipations d’inflation, les marchés américains ont continué à surfer sur la vague porteuse de ces dernières années, creusant davantage leurs écarts avec le reste du monde : marchés européens, au mieux stagnants, et marchés émergents aux prises avec les conséquences dévastatrices des sorties massives de capitaux. Les tensions commerciales persistantes entre les Etats-Unis et la Chine, la baisse des cours des matières premières et de médiocres résultats économiques ont propagé les crises de changes aux grandes économies émergentes après celle de la Turquie de la mi-août, alimentant, en retour, des doutes croissants sur les perspectives de la zone euro, elles-mêmes revisitées. Après avoir tablé sur une croissance de 2,4 % en mars, la BCE a revu une nouvelle fois ses prévisions, n’ayant plus les moyens d’envisager une croissance supérieure à 2 % pour 2018, malgré son volontarisme affiché.

Contre vents et marées, tensions commerciales ajoutées aux dissensions régionales et crispations autour de la dette italienne, l’euro a résisté, échappant à la spirale baissière un temps suggérée par son accès de faiblesse lors de la crise turque, mi-août ; la monnaie unique flirtait encore les 1,17 USD mi-septembre, en dépit du creusement persistant de l’écart d’intérêt à deux ans avec les Etats-Unis, à 332 points de base, un record de trente ans.

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