Au Japon, M. Kuroda a tout son temps, mal lui prendrait de s’en priver

La Banque du Japon est-elle sur le point d’amorcer un exercice de tapering ? L’idée a subitement refait surface ce début de semaine en réaction à la réduction de ses achats de titres longs dans le cadre de ses opérations habituelles d’assouplissement quantitatif. La réaction des marchés ne s’est pas fait attendre, avec un repli immédiat du prix des obligations d’État mais, plus encore, une remontée du cours du yen à l’égard de la plupart des grandes devises. Après des années au cours desquelles les opérations de sauvetage toujours de plus en plus conséquentes de la BoJ ont fini par porter à plus de 92 % du PIB japonais la taille de son bilan et tandis que la FED et la BCE se sont toutes deux engagées sur la voie de la réduction progressive de leur soutien monétaire, l’anticipation d’un tel changement est assez compréhensible. Ceci d’autant plus que l’économie japonaise semble avoir entamé une cure de jouvence l’an dernier. 

Il est, toutefois, peu probable que la banque du Japon ait la latitude d’enclencher une réduction de son soutien monétaire, ceci pour au moins trois raisons.

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Le taux de change, cheval de bataille de la BCE. Une fuite en avant, bien que compréhensible

Lorsqu’en septembre dernier, Mario Draghi a mentionné l’évolution du taux de change de l’euro comme une des variables susceptibles d’influencer le cours de la politique monétaire de la BCE au même titre que l’inflation et la croissance, rares sont les économistes ayant pris cette annonce pour argent comptant. L’envolée de la monnaie unique depuis le printemps et les risques évidents de poursuite de cette tendance en cas de virage moins accommodant de la politique monétaire européenne, justifiaient une certaine prudence et rendaient acceptable une entorse à la règle jusqu’alors établie d’absence de responsabilité de la BCE à l’égard du taux de change. Sept semaines plus tard les préoccupations sur ce sujet semblaient être retombées. Non seulement, les économies de la zone euro, fortes de très bons résultats économiques, paraissaient s’être accommodées de la hausse de la monnaie unique, mais la FED avait clarifié sa stratégie, laquelle était en mesure de réduire le risque d’appréciation additionnelle de la monnaie européenne. La BCE pourrait dès lors, en théorie, se délester de cette contrainte et s’engager de manière plus décisive sur la voie de normalisation progressive de sa politique.

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La reflation fait un nouvel adepte avec M. Draghi. Gare aux effets de mode.

Une seule petite phrase dont les banquiers centraux ont le secret aura suffi à convaincre que le président de la BCE, définitivement plus confiant, s’apprête à ajuster les curseurs de sa politique monétaire. En affirmant que «les forces déflationnistes ont été remplacées par des forces reflationnistes», M. Draghi a lancé mardi une petite bombe en direction des marchés. En quelques heures, le taux de change de l’euro s’est envolé à plus de 1,135 dollar et les taux d’intérêt à terme se sont partout redressés, renouant pour les deux ans allemands avec un plus haut depuis le 23 juin 2016, date du référendum britannique, tandis que, pour la première fois depuis longtemps, la probabilité implicite de hausse des taux directeurs de la BCE à horizon mi-2018 dépassait 50 %. Autant dire que Mario Draghi n’a pas intérêt à se tromper…

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Flegme britannique grandeur nature… mais bientôt mis à l’épreuve

Bluffés par la bonne résistance de l’économie britannique au vote du 23 juin et convaincus que le processus de sortie de l’UE prendra des années avant de se concrétiser, les observateurs n’ont guère réagi à la victoire de T. May à la Chambre des Communes et à la perspective d’un enclenchement effectif de plus en plus vraisemblable de l’article 50 d’ici fin mars. La livre Sterling s’est d’ailleurs légèrement raffermie ces derniers jours, laissant envisager que le pire puisse être dépassé pour la devise britannique.  Lire la suite…

Le grand embarras de la FED, le bonheur du Dow Jones et celui des cours de l’or

Comment la FED va-t-elle se sortir de l’ornière dans laquelle elle se trouve ? Le risque d’un changement impromptu de sa politique dès demain est assez faible, sa communication récente n’ayant donné aucun signal avant-coureur d’un tel revirement depuis la publication des minutes du comité du mois de décembre dans lesquelles elle était apparue des plus réservées quant aux perspectives américaines. Pour autant, indicateurs économiques et inflation auraient de quoi l’inciter à un modifier son approche. Lire la suite…

UEM – Des déceptions sans conséquences ; l’euro et les taux ont le vent en poupe !

L’indice IFO du climat des affaires en Allemagne et l’enquête mensuelle de l’INSEE en France ont quelque peu déçu ce mercredi. Le repli des perspectives manufacturières de l’IFO tranche avec l’excellente tenue des PMI de ces derniers mois tandis qu’en France, la forte baisse du climat des affaires dans les services, relatée par l’INSEE (- 4 points), est en parfaite déconnexion avec le rebond de l’indice PMI des mêmes activités de services. Ces déceptions n’ont guère gêné le DAX qui s’est adjugé une progression de plus de 1,8 % dans la journée de mercredi quand, de leur côté, les taux d’intérêt allemands à long terme sont remontés de plus de cinq points de base, franchissant, à plus de 0,46 %, leur plus haut niveau depuis plus d’un an…

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Fine tuning à la chinoise et marges de manœuvre de la FED

La montée des anticipations de hausse des taux de la FED de ces derniers jours finirait selon toute vraisemblance par déclencher une nouvelle baisse du yuan, elle-même source potentielle de regain d’instabilité sur les marchés des changes. Restait toutefois la question du délai avec lequel la Chine interviendrait. Cette dernière incertitude pourrait avoir été levée hier avec un fixing du yuan établi à 6,7066 CNY/USD par la Banque Populaire de Chine, son plus bas niveau depuis septembre 2010, et la confirmation de l’offensive ce matin, avec un taux de change à 6,7160 CNY.

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Que ces mouvements soient très limités importe moins que ce qu’ils nous disent, à savoir :

– Le cycle de dépréciation de la devise chinoise n’est pas terminé. Après avoir déprécié le Renminbi de quelques 10 % depuis son point haut de janvier 2014 vis-à-vis du billet vert, les autorités chinoises, non seulement, ne relâchent pas leur attention mais reviennent vite à la charge si l’on en juge par la fréquence des vagues d’ajustement de ces deux dernières années (plus proche de cinq à six mois que de trois mois comme aujourd’hui).

– Des réserves des autorités chinoises sur la solidité de la croissance. Alors que les indicateurs économiques de ces derniers temps ont plutôt renvoyé des signaux positifs en provenance de la conjoncture chinoise et que les autorités tentent de lutter contre la surchauffe du marché immobilier domestique, cette vigilance suggère une confiance toute relative de la Banque populaire à l’égard de la solidité de l’économie chinoise.

– Une complexité persistante pour un passage à l’acte de la FED. Les épisodes d’ajustement récurrents de la devise chinoise ont presque systématiquement accompagné les phases de réappréciation du dollar inhérentes à la montée des anticipations de hausse des taux des Fed Funds. Il en est systématiquement résulté un regain de tensions sur les marchés des changes et, par là-même, les marchés financiers, qui, chaque fois, ont retenu la FED de passer effectivement à l’acte. Si, aujourd’hui, les choses peuvent paraître différentes compte-tenu de la détermination d’un nombre croissant de membres de la FED à relever le niveau des taux d’intérêt, on comprend à quel point un tel changement pourrait se révéler source d’instabilités dans le reste du monde, en particulier en Asie. La Chine n’ayant guère les moyens de laisser filer sa devise contre un yen potentiellement affaibli par la remontée des taux de la FED reviendra à la charge, c’est presque certain…

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C’est bien dans le détail que se cachent les diables susceptibles d’emprisonner la FED une nouvelle fois d’ici la fin de l’année ou de lui faire prendre des risques, trop largement, insoupçonnés.

Flash Crash de la livre – Si les machines ont encore frappé, c’est peut-être qu’elles sont trop bien réglées…

L’actualité de la nuit inspire forcément quelques réflexions matinales après le « Flash Crash » de la livre qui a valu à la devise britannique une chute de quelques 6% contre le dollar en quelques instants cette nuit en Asie. Largement incombé au déraillement de machines, l’événement n’a pas plus ému et a de fait été corrigé dans sa quasi intégralité depuis.

Les folles machines pourraient, pourtant, nous avoir mis sur la piste de ce qui pourrait bel et bien se produire si, par mégarde, le rapport sur l’emploi américain de cette après-midi venait renforcer le scénario de remontée des taux directeurs de la FED en décembre, voire novembre, qui sait!

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Car dans un tel cas de figure, le plus probable serait en effet de voir les taux à deux ans américains se tendre très significativement. Si l’on reproduit le schéma de décembre dernier, ils pourraient remonter à 1,10% (niveau qu’ils avaient atteint fin décembre 2015 après la hausse des Fed Funds) ce qui constituerait dans le cas présent une envolée de près d’un quart de point. A taux inchangés côté britannique, un scénario somme toute envisageable dans la situation présente pré-Brexit effectif, l’écrasement du spread de taux entre les deux pays, justifierait en effet une baisse très conséquente de la livre contre le dollar, de l’ordre précisément de ce qui s’est produit cette nuit… Pas si folles les machines!

Ah qu’il va être compliqué de passer à l’acte pour la FED…