On n’avait rien compris : l’inflation c’est bon pour les actions !

Les banques centrales actent et promettent de nouvelles hausses de leurs taux directeurs. Qu’à cela ne tienne, les bourses grimpent. Ben oui, si les gardiens du temple relèvent encore leurs taux ou envisagent de le faire, c’est bien sûr, parce que l’inflation est trop haute, mais aussi qu’ils ne sont pas outre mesure inquiets sur la conjoncture. Or, d’où vient l’inflation sinon de la hausse des prix des entreprises qui peuvent, précisément, encore les relever tant que la demande tient ? Il n’en faut pas davantage pour conclure que, « tant qu’il y de l’inflation, tout va bien » et trouver normal que la remontée des taux de la BCE crée un appel d’air sur les bourses, tout particulièrement sur les valeurs cycliques qui concentrent les espoirs de bonnes surprises, non pas parce qu’elles vendront plus mais à de meilleures conditions… Vous ne comprenez pas ? Vous n’êtes pas seul, à en juger par le scepticisme de l’indice Sentix de sentiment des investisseurs, sans doute trop dépendants des messages récessifs renvoyés par la courbe des taux.

Car c’est bien de cette dernière que viendra, in fine, l’appréciation sur la capacité des entreprises à conserver leur pricing power et celle des bourses à poursuivre leur tendance. Alors, où en sommes-nous ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Jusqu’où ira l’hypocrisie de la lutte présumée contre l’inflation des banques centrales ?

Les banques centrales occidentales ont beau avoir procédé aux relèvements de taux d’intérêt les plus importants depuis quatre décennies au cours de l’année écoulée, le resserrement opéré n’a toujours pas permis d’assurer une quelconque maîtrise de l’inflation. Conséquence de cet échec et conformément à l’approche monétaire dominante selon laquelle la maitrise de l’inflation passe par un ajustement à la baisse de la demande, marchés et économistes envisagent un nouveau round de hausses des taux directeurs dont tous redoutent les conséquences économiques délétères. Les banques centrales auraient donc la responsabilité de propulser les économies occidentales en récession en pleine guerre économique et militaire dans le seul but de respecter leur mandat. La perspective, reconnaissons-le, est de moins en moins plausible.

Si les banques centrales avaient véritablement voulu court-circuiter les rouages inflationnistes c’est, en priorité, sur leur bilan qu’elles auraient agi. Par là-même, elles auraient provoqué une remontée beaucoup plus importante des taux de moyen et long terme auxquels se financent les agents économiques, y compris les Etats dont les largesses de ces derniers trimestres ont largement relayé la transmission des chocs de prix. Si elles ne l’ont pas fait, en dépit des évidences, c’est manifestement pour plusieurs raisons parmi lesquelles, non des moindres, les enjeux stratégiques en présence. Alors, bon ou mauvais rapport sur l’emploi américain, la question est probablement plus marginale que généralement considéré, en comparaison de celle de la capacité des banques centrales à jouer à l’encontre de la stratégie des Etats qu’elles représentent.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Branle-le-bas de combat sectoriel en bourse après les banques centrales

Cela ressemble au bon vieux temps, celui d’un appétit -apparemment sans limite- pour le risque qui entraîne dans son sillage les cycliques, les valeurs technologiques et, plus encore, les cryptomonnaies. Preuve s’il en est que les banques centrales n’ont pas fait le job de normalisation des conditions monétaires dont elles ont la charge, le mouvement semble bel et bien parti pour durer quelques semaines. Car si ces dernières reconnaissent collectivement qu’elles n’ont pas fini le travail, elles brouillent suffisamment les cartes pour laisser penser qu’elles pourraient lâcher leur établi sous peu.

La crainte d’être mises en défaut par une baisse accélérée de l’inflation alors que les perspectives de résultats refluent partout rapidement explique, peut-être, ce retournement. Un tel changement de posture ne laisse, assurément, pas de questionner pour la suite. Mais la suite, c’est après et, pour l’instant, les marchés répondent d’autant plus vite au son du canon que beaucoup ont été trop timorés pour monter dans le train du mois de décembre. FOMO revient au galop. Cela ne devrait durer qu’un temps mais pourrait être d’autant plus spectaculaire que les excès de liquidités sont aveuglants.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Une résilience des profits des entreprises difficilement compatible avec les objectifs d’inflation

Rien dans la crise que nous traversons ne ressemble à ce que nous avons connu par le passé. Parmi les anomalies de 2022, la résilience des profits des entreprises n’est pas le moindre des paradoxes. Depuis le début de l’année, chaque saison de publications des résultats ne cesse de surprendre à la hausse, que ce soit aux Etats-Unis ou, même, en zone euro. Difficile de trouver les origines à ce phénomène tant il contrarie tout à la fois les tendances d’une croissance anémique, bien peu généreuse en gains de productivité, et ce que l’on attendrait de l’envolée des coûts des entreprises et des taux d’intérêt, même si les spécificités de la reprise post-covid de l’activité apportent quelques bribes d’explications plausibles.

À la fin du deuxième trimestre, l’acquis de croissance des profits des entreprises américaines était de 6,5 % en moyenne pour cette année. Que ce chiffre n’ait rien de mirobolant, surtout si on lui défalque un acquis d’inflation de quasiment 8 %, n’en retire rien à son caractère exceptionnel dans le contexte en présence, plus encore, après une année 2021 record depuis 2010, qui avait profité d’une progression de 23 %. Certes, les données du troisième trimestre attendues le 30 novembre  pourraient être un peu moins bonnes. Au vu des informations disponibles, rien ne laisse cependant envisager un résultat particulièrement mauvais.

Alors, est-ce à dire que de risque de récession est surestimé par les économistes qui surréagiraient à la hausse des taux d’intérêt en appliquant une loi de cause à effet qui n’a pas lieu d’être, du type : durcissement monétaire, égale récession ? La question se pose manifestement car on ne recense aucune récession de génération spontanée par le passé, c’est-à-dire qui n’ait, effectivement, été précédée d’un retournement des profits. Et si tel est le cas, alors le diagnostic sur l’arrêt à venir de la hausse des taux pourrait-il être tout aussi erroné ?

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

La fin de la parenthèse d’un « Bear-Market Rallye » d’exception ?

Après un premier semestre calamiteux, au cours duquel de nombreux actifs ont enregistré leurs pires performances historiques, la récupération de cet été a souvent été spectaculaire sur les marchés. Il y a principalement trois explications à ce rallye.

  • Une conjoncture plus résistante que prévu, notamment portée par le rebond des activités tertiaires consécutif à la levée des contraintes sanitaires.
  • Une relative résilience concomitante des résultats des entreprises, également enflés par l’évolution des prix de vente au 2ème
  • L’anticipation, surtout, d’un pic d’inflation imminent supposé inciter les banques centrales à temporiser le resserrement monétaire en cours, qui, sur fond de liquidités toujours surabondantes, a conduit à transformer toute mauvaise nouvelle – elles n’ont pas manqué !- en un repli porteur des anticipations de hausse des taux directeurs et des taux d’intérêt à long terme.

Anticipée dans notre allocation tactique du mois de juin, la mécanique a fonctionné à merveille sur la plupart des actifs à risque. Elle n’était cependant pas censée se prolonger, les tendances fondamentales étant amenées à reprendre le dessus dès lors qu’il deviendrait évident que les banques centrales, sauf risque majeur de récession, ne lâcheraient pas l’affaire avant d’avoir gain de cause sur l’inflation.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

Leçons de la semaine écoulée : la récession au coin de la rue, les taux ne monteront pas au ciel

Cette semaine était un peu celle de tous les dangers et le pronostic n’a, pour le coup, pas été démenti. Dans un contexte des plus instables, quelques traits se dégagent, parmi lesquels :

  • Le durcissement des conditions monétaires internationales s’accélère. Depuis le début du mois, pas moins de 16 des 35 principales banques centrales ont procédé à des hausses de leurs taux directeurs, après 24 le mois dernier.
  • Malgré tout, force est de constater que les effets de ces actions tardent à se faire sentir. En dépit d’une détérioration rapide des perspectives, les prix des matières premières caracolent toujours à deux doigts de leurs plus hauts récents.
  • Il faut dire que les liquidités mondiales ont continué à affluer jusqu’au début du mois et que la seule amorce du resserrement quantitatif de la FED en juin ne sera pas suffisante pour inverser cette tendance avant quelques mois. Prises au piège qu’elles se sont elles-mêmes tendues ces dernières années, les banques centrales sont contraintes d’aller d’autant plus loin pour que leur politique anti-inflationniste porte, éventuellement, ses fruits.

  • Les dégâts occasionnés par cet ajustement commencent néanmoins à se faire sentir : dislocation financière et dégradation des perspectives économiques vont bon train et le scénario de récession gagne subitement du terrain, notamment là où le consensus l’attendait le moins, aux Etats-Unis. Les perspectives globales s’en trouvent de facto exposées et l’hypothèse d’une récession mondiale est de moins en moins fantaisiste.
  • Succès ou non sur le front de l’inflation, il est peu probable que les responsables monétaires puissent faire fi de cette réalité et les marchés, comme les banques centrales bien que de manière plus ou moins déguisée, commencent à l’intégrer. A partir de là, le temps est compté:
  • Soit les banques centrales font écho aux rappels à l’ordre du stress financier et de la détérioration des indicateurs économiques avancés et mettent sans tarder un peu d’eau dans leur vin. Elles pourront le cas échéant renouer avec un resserrement monétaire encore nécessaire et possible plus tardivement, aux alentours du second semestre 2023.
  • Soit elles se cabrent encore quelques semaines et, après un dernier coup de collier, elles devront gérer les crises et, possiblement, faire marche arrière.

Nous avons développé ces deux scénarios mi-mai et malgré une probabilité mouvante entre ces deux hypothèses, l’une de nos principales conclusions reste de mise : si ni l’économie ni les marchés ne peuvent supporter l’ajustement en cours sur le front des taux d’intérêt, ces derniers cèderont même s’il est bien difficile de dire aujourd’hui de combien ni pendant combien de temps.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

50 %, 75 %… Les enchères sur le potentiel de baisse des marchés sont ouvertes

Nombreux de ceux qui nous promettaient le ciel pour les actifs les plus à risque se révèlent les pires cassandres ces derniers jours. Est-ce la bérézina des valeurs technologiques et des cryptomonnaies ou une stratégie d’épouvantail à destination des politiques monétaires ? Toujours est-il que les enchères vont bon train. 50 % de baisse des indices actions nous promet-on, au mieux. L’estimation n’a, en réalité, rien d’extravagant. Elle correspond au retour des indices mondiaux dans leur tendance de long terme, pas en haut de cette borne, mais en bas. Elle est, de même, cohérente avec ce que suggèrerait une normalisation de la plupart des indicateurs de valorisation fondamentaux, Q de Tobin, ou autre Hussman ou Buffet, dans un environnement monétaire moins porteur…

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre

L’inflation en Europe de l’Est, expression des limites de la politique structurelle de l’UE ?

Avec le changement de cap effectué par la FED se profile une période de modifications en cascade des politiques monétaires à travers le monde qui n’épargneront pas l’Europe. Une proportion croissante d’économistes envisagent aujourd’hui une remontée des taux directeurs de la BCE fin 2022, à l’instar de ce qui figure dans notre propre scénario. Au-delà, néanmoins, c’est dans la partie Est de l’Europe que semblent devoir se concrétiser les ruptures de politiques monétaires les plus importantes par rapport à ces dernières années. Le dérapage de l’inflation y est, en effet, nettement plus marqué et plus profond que dans la plupart des autres économies de la région. Si l’origine de cette situation n’est pas cristalline, les plans de relance et programmes de soutiens structurels dont bénéficient ces pays dans le cadre du budget européen semblent bel et bien constituer un facteur aggravant. Alors que les politiques structurelles de l’UE ont jusqu’alors principalement opéré dans un contexte d’absence d’inflation, ce constat pose une question qui dépasse largement le champ des politiques monétaires à venir et interroge sur les limites de la stratégie de l’UE.

You need to be logged in to view the rest of the content. Veuillez . Not a Member? Nous Rejoindre