Forces de rappel ?

La correction des marchés financiers entamée début octobre devient de plus en plus anxiogène, menaçant de se transformer en une spirale baissière auto alimentée si rien ne vient l’enrayer. Il y a, a priori, peu à attendre sur le front économique pour jouer ce rôle ; le contexte conjoncturel est dans l’immédiat plombé par la détérioration du rythme de croissance de l’activité internationale, la chute du climat des affaires et les incertitudes rampantes sur les développements politiques et géopolitiques mondiaux, dossiers britanniques et italiens en sus pour l’Europe.

C’est d’ailleurs que devront donc venir, le cas échéant, les stabilisateurs. Ceux-ci existent et sont essentiellement au nombre de trois ; trois cataplasmes au rôle, néanmoins, essentiel pour freiner la correction en cours ou en limiter la contagion.

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Point d’étape et principaux risques à court terme

Principales conclusions sur les développements de ces derniers jours.
1- Pétrole
Le nouvel accès de faiblesse des cours pourrait écourter la période de stabilisation dans la fourchette de 28-32 $ et suggère un risque accru de baisse vers les niveaux de 20$ à relativement brève échéance en l’absence de changement de stratégie de la part des pays de l’OPEP. Les stocks américains publiés mardi soir ont encore augmenté, bien que dans des proportions très inférieures à la semaine passée (statistique très volatile).
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2- Taux.
Les anticipations de hausse des taux de la Fed sont définitivement mises à l’écart pour 2016, les taux à 2 ans qui ont déjà significativement reflué ces derniers jours ont toutes les chances de s’écraser davantage pour probablement revenir dans la zone de 0,5% sans tarder (selon toutefois la nature des données sur l’emploi de vendredi, ADP dès aujourd’hui).
A 1,84%, le rendement de T-Bonds à 10 ans est à son plus bas niveau depuis un an presque jour pour jour. Il s’en faudrait de peut pour qu’il reflue vers 1,50% -plus bas de 2012.
A surveiller, l’évolution du risque de récession selon les statistiques d’activité (ISM services et autres indicateurs avancés à venir).
En Europe , les taux des périphériques se sont normalisés à l’exception du cas portugais. La BCE n’aura pas le choix que d’accroître son programme d’achat de titres au risque de provoquer un nouveau relent de tensions souveraines et bancaires généralisées.
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3- Marchés boursiers
Notre analyse n’a pas changé, la correction se poursuit à l’échelle mondiale. Les chances de rebonds intermédiaires sont faibles à ce stade, tout juste pourrait-on envisager une stabilisation passagère si les nouvelles vont dans le bon sens.
  • Le marché chinois poursuit sa correction vers les 2000-2200 points (gare aux panneau des 2500 points que plusieurs analystes considèrent comme un point d’entrée).
  • La baisse des taux du Japon peine à porter ses fruits en matière de taux de change. Le marché japonais est parmi les plus exposés à une forte correction en cas d’affaissement du dollar.
  • Une baisse du S&P sous son précédent point bas du 20 janvier (1859) serait un très mauvais signal dans les prochains jours (une accélération des salaires susceptibles de semer le troubles sur l’action de la FED pourrait précipiter le mouvement, ou à l’inverse, un mauvais ISM services…).

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4- Taux de changes

Les devises pétrolières sont de nouveau très exposées et dans leur sillage les marchés locaux.
Le dollar s’affaisse au fur et à mesure de l’évacuation du scénario de hausse des taux de la Fed et malgré les actions à venir de la part de la BCE. Le niveau de 1,15 USD pour un EUR est à portée de mains en cas de détérioration précipitée des perspectives américaines, cela constituerait une très mauvaise nouvelle pour les bourses européennes.
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Les robots déraillent une nouvelle fois à New-York…

La responsabilité des « robots » ou trading haute fréquence a largement été mise en avant ces dernières vingt-quatre heures pour justifier l’ampleur des baisses des indices et la volatilité de la journée de lundi. Nombreux ont trouvé dans cette explication une raison de se rassurer sur les fondamentaux de marchés et de racheter les indices qui se sont largement ressaisis ce mardi en Europe.
L’ouverture des marchés américains, bien que plus timorée, semblait pouvoir ouvrir la voie à une belle fin de séance outre Atlantique également. Mais à une heure de la clôture, les choses ont tourné vinaigre, les indices ont viré au rouge pour terminer la séance en perte de 1,35% pour le S&P 500 et de 0,44% pour le Nasdaq composite. De quoi assurément refroidir les esprits. Aux niveaux atteints ce soir, la direction prise par les marchés américains soulève assez peu de doutes.
Dans de telles conditions, la nuit risque d’être compliquée en Asie et le réveil européen pourrait bien prendre l’allure d’une gueule de bois. Pourra-t-on encore incriminer les machines ?

Indice S&P 500 – séance d’aujourd’hui (Source : Bloomberg)

Le scénario de correction qui se profile s’accélère, prenant une allure plus inquiétante encore que ne l’était notre scénario du mois de juin. Nous conservons de fait plus que jamais nos recommandations de stratégie de début d’été :

  • Vente des actions mondiales (attention au marché nippon en bonne voie pour emboiter le pas aux autres marchés)
  • Achat d’obligations d’Etat (les taux longs ont une marge substantielle de repli à en juger par la remontée des taux réels depuis le début du mois)
  • Achat, encore et toujours de l’euro et de l’or,
  • Vente massive des obligations corporate (notre recommandation de juin était moins agressive sur ce point qu’aujourd’hui)
En d’autres termes, une protection maximale face un un risque majeur de correction d’ampleur.