La BCE contrainte une nouvelle fois de passer son tour

Les déclarations s’étaient multipliées après le dernier comité de politique monétaire du 25 janvier, suggérant un inconfort croissant à l’égard du statu quo alors privilégié par Mario Draghi et son économiste en chef Peter Praet. À analyser les différentes interventions, l’optimisme de Benoît Cœuré en particulier, la BCE ne tarderait pas à modifier le cap de sa politique en faveur d’une réduction de son soutien à l’économie. Son programme d’achat d’actifs étant programmé pour s’étendre jusqu’à la fin du mois de septembre, nombreux s’attendaient à ce que la BCE précise dès le printemps son intention d’y mettre définitivement fin, certains envisageant même qu’elle évoque un possible agenda de remontée de ses taux directeurs pour 2019. Les taux futurs pouvaient donc se redresser, la courbe des taux se pentifier, le secteur bancaire célébrer l’approche de jours meilleurs et l’euro poursuivre sa course à la hausse…

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Entre inégalités et bulles financières, le dilemme des banquiers centraux

Le sujet des inégalités ne fait guère partie de la panoplie traditionnelle des politiques monétaires dont la mission, même lorsqu’elle vise directement un objectif de plein emploi, s’est généralement contentée d’une approche macro-économique offerte par les statistiques agrégées de croissance, d’inflation, taux de chômage ou taux de salaire moyens. Force est de constater que ce sujet s’est pourtant imposé à l’agenda d’un nombre croissant de banquiers centraux ces dernières années.

Impulsé par Janet Yellen, ce changement semble avoir convaincu un certain nombre d’autres acteurs de la gestion monétaire. Outre-Atlantique, Nell Kashkari, gouverneur de la FED de Minneapolis, a largement relayé cette approche, allant jusqu’à inaugurer en janvier 2017, avec le soutien de l’ex-présidente de la FED, un centre de recherche du nom de «Opportunity and Inclusive Growth Institute» dont la mission est de promouvoir la recherche destinée à favoriser une croissance plus « inclusive pour tous les Américains et de contribuer, ainsi, à un meilleur accomplissement du mandat de la FED en faveur du plein emploi ».

En Europe, Mario Draghi, a fait de ce même thème un élément important du dosage de sa politique monétaire ces deux dernières années. Comme l’avait initié Janet Yellen à partir de janvier 2014 en développant une série d’indicateurs complémentaires au taux de chômage, le président de la BCE a régulièrement fait référence aux insuffisances du marché de l’emploi (« labour market slack ») pour se prémunir des risques de mésinterprétation d’une statistique, le taux de chômage, de moins en moins représentative de la réalité économique : sous-emploi, emploi partiel contraint, multi-salariat… sont ainsi régulièrement mentionnés par le Président de la BCE pour justifier la poursuite d’une politique hyper-accommodante en dépit de conditions économiques nettement meilleures en zone euro depuis le début de l’année dernière.

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Données européennes – au-delà du satisfecit

Des données publiées ces deux derniers jours en zone euro, il ressort plusieurs sources de satisfaction mais, également, un certain nombre d’interrogations auxquelles les réponses apportées par les économistes feront toute la différence sur les perspectives. Malgré le satisfecit sur les tendances en cours, la BCE n’a pas les garanties nécessaires pour changer son fusil d’épaule.

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M. Draghi avait oublié le change le mois dernier…

Face à l’embellie des perspectives européennes et mondiales, Mario Draghi a récemment mis en sourdine le risque de volatilité du taux de change de l’Euro qu’il avait présenté à la fin de l’été comme un des facteurs clés de l’orientation de la politique de la BCE. Les raisons d’envisager un prolongement du programme d’achat d’actifs sont, dès lors, difficiles à trouver et la BCE jugera sans doute utile de préciser cet état de fait. Reste l’épineuse question, du comment procéder et du risque d’emballement des marchés.

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Le taux de change, cheval de bataille de la BCE. Une fuite en avant, bien que compréhensible

Lorsqu’en septembre dernier, Mario Draghi a mentionné l’évolution du taux de change de l’euro comme une des variables susceptibles d’influencer le cours de la politique monétaire de la BCE au même titre que l’inflation et la croissance, rares sont les économistes ayant pris cette annonce pour argent comptant. L’envolée de la monnaie unique depuis le printemps et les risques évidents de poursuite de cette tendance en cas de virage moins accommodant de la politique monétaire européenne, justifiaient une certaine prudence et rendaient acceptable une entorse à la règle jusqu’alors établie d’absence de responsabilité de la BCE à l’égard du taux de change. Sept semaines plus tard les préoccupations sur ce sujet semblaient être retombées. Non seulement, les économies de la zone euro, fortes de très bons résultats économiques, paraissaient s’être accommodées de la hausse de la monnaie unique, mais la FED avait clarifié sa stratégie, laquelle était en mesure de réduire le risque d’appréciation additionnelle de la monnaie européenne. La BCE pourrait dès lors, en théorie, se délester de cette contrainte et s’engager de manière plus décisive sur la voie de normalisation progressive de sa politique.

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La reflation fait un nouvel adepte avec M. Draghi. Gare aux effets de mode.

Une seule petite phrase dont les banquiers centraux ont le secret aura suffi à convaincre que le président de la BCE, définitivement plus confiant, s’apprête à ajuster les curseurs de sa politique monétaire. En affirmant que «les forces déflationnistes ont été remplacées par des forces reflationnistes», M. Draghi a lancé mardi une petite bombe en direction des marchés. En quelques heures, le taux de change de l’euro s’est envolé à plus de 1,135 dollar et les taux d’intérêt à terme se sont partout redressés, renouant pour les deux ans allemands avec un plus haut depuis le 23 juin 2016, date du référendum britannique, tandis que, pour la première fois depuis longtemps, la probabilité implicite de hausse des taux directeurs de la BCE à horizon mi-2018 dépassait 50 %. Autant dire que Mario Draghi n’a pas intérêt à se tromper…

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3045… Seuil de réussite franchi pour M. Draghi !

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À la question qui m’a récemment été posée sur les conditions susceptibles d’améliorer mon sentiment sur les conditions de marché, j’ai répondu : l’écartement de la trajectoire des indices de celle observée lors du cycle de correction précédent. Concernant l’Eurostoxx 50, il s’agissait de refranchir à la hausse le cap des 3045 points. Le pari n’était pas gagné à en juger par le scepticisme des marchés dans la journée d’hier, il est néanmoins en passe d’être acquis aujourd’hui.

Mario Draghi a donc réussi une première manche. L’avenir dira s’il s’agit de la plus facile tant les défis économiques restent entiers et la situation internationale compliquée. Pour autant, ce cap franchi devrait offrir un peu de répit aux marchés européens. Reste à espérer que la Fed ne vienne pas bousculer ce fragile équilibre dès la semaine prochaine.

Surprise, incompréhension et tentative de décryptage

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Les arguments susceptibles de justifier que la BCE prenne son temps, avant, le cas échéant, de s’engager plus avant vers une extension de son programme de quantitative easing étaient assez nombreux et solides. Comment expliquer que M. Draghi les ait balayés d’un revers de manche pour privilégier une action apparemment imminente ? Est-il fondamentalement plus inquiet que ne le suggèrent les prévisions officielles ou ce nouveau geste doit-il être vu comme la seule expression d’une fuite en avant dont on ne pourrait que redouter les conséquences à moyen-long terme ? Pas sûr que nous sachions répondre à cette question à ce stade. Une chose, cependant, apparaît de plus en plus claire : M. Draghi est déterminé à prévenir tout décrochage de la croissance susceptible de repousser davantage le retour de l’inflation vers l’objectif officiel de 2 %. Peut-il réussir à impulser une nouvelle approche du policy-mix en zone euro ?