D’une crise d’offre à une crise de demande, les choses se précisent

Après un printemps relativement épargné, l’inflation galopante commence à produire ses effets. Très affectée, l’industrie allemande en est le premier exemple. Jusqu’au début de l’année, ses difficultés étaient principalement attribuées aux questions d’offre liées aux goulots d’étranglement sur les chaînes de valeur, d’où une production déprimée malgré des commandes souvent solides. Cette bonne tenue des commandes s’accompagnait, souvent, d’un formidable optimisme sur l’avenir malgré des menaces grandissantes. Les conséquences sur la demande d’un contexte de prix de plus en plus tendu n’ont, cependant, pas tardé à se faire sentir et sont aujourd’hui patentes. Après six mois de baisse, les commandes ont retrouvé, en juillet, leurs niveaux d’avant crise, soit un recul de presque 15 % par rapport à juillet 2021. La demande est donc bien en train de s’ajuster, l’activité industrielle s’en ressent et la perception des industriels sur la demande s’effondre. Ce constat, n’est pas forcément surprenant dans le cas de allemand, mais s’observe dans un nombre croissant d’économies, y compris hors Europe, et commence également à gripper les perspectives dans les services : quoiqu’à des degrés divers, France, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis, montrent des signes de tensions croissantes sur la demande. Les banques centrales pourraient bientôt obtenir ce qu’elles recherchent !

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L’inflation dépasse 10% dans 10 pays de la zone euro, la BCE prépare le sauvetage ?

Que restera-t-il de la consommation une fois le rattrapage lié à la normalisation des conditions sanitaires effectué si l’inflation poursuit sa course, éventuellement aggravée par le renchérissement à venir du gaz et de l’électricité ? Les données de ce matin nous donnent quelques pistes… L’inflation en zone euro a encore gagné 0,2 point en août, à 9,1 %, avec une progression à deux chiffres dans 10 pays. Par ailleurs, les données de consommation de biens en France sont sans appel, avec une chute de 0,8 % des achats réels en juillet et un plus bas depuis 2013 pour l’alimentaire, dont les prix ne cessent d’accélérer. Encore l’Hexagone est-il plutôt protégé avec une inflation harmonisée de 6,5 %, en légère baisse par rapport à juillet, et surtout la plus basse de l’union monétaire, et un soutien assez massif de l’État. Les sacrifices semblent pourtant avoir été de taille (pour sauver les vacances ?) et la situation ne s’arrangera pas si les prix énergétiques s’emballent à nouveau d’ici la fin de l’année. La BCE ne manquera probablement pas l’occasion de pointer les risques induits de l’envolée des prix pour justifier le durcissement de sa posture la semaine prochaine. Voilà que les risques de récession pourraient donc l’encourager à relever un peu plus ses taux…

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Repentification de la courbe des taux avec le ralentissement de l’inflation américaine

À force de persistance, l’envolée des prix a fini par devenir la principale source d’inquiétude conjoncturelle aux Etats-Unis, comme dans bon nombre d’économies ces dernières semaines. Le ralentissement de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation en août est, en ce sens, une bonne nouvelle qui se traduit simultanément par un repli des taux à deux ans (reflet de l’atténuation des contraintes de resserrement de la politique monétaire) et une légère remontée des taux à 10 et 30 ans (reflet de l’atténuation des craintes sur la croissance). Il s’agit d’une petite bouffée d’oxygène pour les marchés qui, depuis la publication, vendredi, de prix à la production encore en accélération sensible (8,3% en glissement annuel) redoutaient des résultats équivalents pour le CPI. De fait, la hausse mensuelle des prix à la consommation du mois d’août est la plus faible depuis janvier, les secteurs qui, ces derniers mois, avaient le plus participé à l’envolée de l’inflation, corrigent ou se normalisent (véhicules d’occasion et tarifs aériens notamment) et l’inflation annuelle marque, enfin, le pas, à 5,3 % après 5,4 %, ce qui s’accompagne d’un repli nettement plus marqué pour la partie sous-jacente, à 4 % après 4,3 %. Voilà qui devrait permettre de mieux apprécier la réalité de la situation ; en l’occurrence celle d’une économie encore largement marquée par de très faibles hausses des prix, notamment dans la partie la plus importante de l’économie, celle des services.

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La France championne des PMI. L’histoire n’est pas celle qu’on croit, mais rassure.

Encore une fois, l’économie française surprend agréablement, avec une hausse significative du PMI, de 1,7 points en juin, soutenue tout à la fois par le secteur manufacturier et les services. Si le PMI synthétique n’a pas encore retrouvé son niveau du mois de novembre, d’avant la crise des gilets jaunes, il n’en est plus très éloigné malgré l’extrême détérioration de la situation dans le reste du monde depuis cette période. De fait, selon les premières informations disponibles, le PMI français caracole en tête des principaux pays. On est spontanément tenté d’attribuer ces bons résultats aux mesures de soutien du gouvernement. À y regarder de plus près, pourtant, l’histoire n’est pas celle-ci. Qu’à cela ne tienne, il s’agit potentiellement d’une meilleure nouvelle encore !

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Plus les tarifs montent plus les taux baissent. Une anomalie ?

Le programme protectionniste de D. Trump était supposé faire flamber l’inflation ; il faudra vraisemblablement attendre longtemps avant d’observer de tels effets. En l’occurrence plus les tarifs augmentent plus les anticipations d’inflation et, dans leur sillage, les taux d’intérêt, baissent. Il n’y a en cela rien de véritablement anormal compte-tenu de la conjoncture actuelle et de l’exacerbation des pressions concurrentielles que provoquent les menaces protectionnistes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, une prolongation/amplification de la guerre commerciale propulserait sans doute les taux d’intérêt sur des niveaux bien plus bas qu’aujourd’hui et plus encore dans le cas de véritable décrochage du yuan…

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Mesures Macron – un impact économique significatif, une réponse pas forcément suffisante

Il y avait dans le mouvement des « gilets jaunes » l’expression de deux types de revendications :

  • Une, immédiate, que l’on peut résumer à celle du pouvoir d’achat trop durement impacté ces derniers mois par la remontée de la CSG et l’envolée des prix des carburants qui a résulté de la conjonction de l’envolée des cours du pétrole et de l’augmentation de la fiscalité carbone.
  • Une revendication plus structurelle, ou sociétale, appelant à une réduction des inégalités, une meilleure redistribution des ressources, une plus grande sécurité économique, cette dernière passant, entre autres, par le maintien de services publics de proximité et de qualité (transport, éducation, santé en particulier).

Les mesures annoncées par le président de la République répondent à la première ; elles colmatent les brèches d’une année 2018 particulièrement difficile en matière de pouvoir d’achat et sont, de ce point de vue, à la hauteur des besoins immédiats, à même, y compris, de changer la donne conjoncturelle en France. Elles laissent néanmoins de côté les revendications plus politiques, dont pourrait dépendre l’efficacité des dispositions adoptées en termes de revenus immédiats.

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Désalignement des planètes en Allemagne, c’est grave ?

La détérioration des indicateurs avancés s’est singulièrement accentuée ces derniers mois en Allemagne. D’abord perçu comme un épiphénomène lié aux perturbations climatiques et à l’épidémie de grippe du début d’année, prolongé par la baisse du moral des chefs d’entreprises inquiets des menaces protectionnistes, le ralentissement semble aujourd’hui beaucoup plus sérieux. Quelle lecture faire de la situation présente ? Y a-t-il un risque de cassure et, si oui, qu’elles pourraient en être les raisons et conséquences sur les perspectives économiques et politiques européennes, à l’heure où la capacité d’influence de l’Allemagne semble déjà bien écornée ?

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La Banque d’Angleterre a un deuxième problème : la consommation bât de l’aile…

En mars, les ventes de détail se sont contractées de 1,2 % au Royaume-Uni, une baisse largement supérieure aux attentes, principalement due à la chute de plus de 7 % des dépenses en essence. Hors ces dernières, le volume d’achats s’est néanmoins replié de 0,5 %, annulant la progression de février, de sorte qu’avec une hausse de moins de 0,1 % en janvier, les ventes de détail hors essence ont littéralement stagné au premier trimestre.

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