Le bilan économique turc, garant du rôle stratégique du pays quelque soit l’issue du scrutin

Si l’hyper inflation, l’effondrement de la devise et les orientations bien peu conventionnelles de la Banque centrale donnent l’image d’une fuite en avant assez peu contestable de la gestion du pays, le bilan économique de l’ère Erdogan est autrement plus décent et compte, certainement, pour une bonne part dans l’adhésion de la population au pouvoir en place. Avec un taux de croissance annuel moyen de 5 % depuis l’accession à la présidence de Recep Tayyip Erdogan, mi 2014, porté à 5,5 % si l’on inclut les onze années durant lesquelles il exerçait en tant que premier ministre, le produit intérieur brut par habitant de la Turquie a doublé en vingt ans. A plus de 31 000 dollars en parité de pouvoir d’achat en 2021, le revenu moyen approchait celui du Portugal ou de la Pologne, dont la Turquie a suivi l’ascension sans discontinuer ces dernières années, laissant loin derrière le Brésil, l’Afrique du Sud ou encore le Mexique dont le niveau de vie la dépassait jusqu’en 2005.

Les structures économiques ont profondément évolué, profitant notamment ces dernières années d’un renouveau industriel que peu de pays ont connu et d’une percée de la recherche et développement qui occupe une part croissante de la population salariée dont la progression a, en particulier, été la plus vigoureuse des pays de niveau de revenus comparables, voire plus élevés.

Ses critères de développements sont, par ailleurs, solides, avec un taux d’investissement par habitant et un équilibre investissement-consommation plus favorable que dans bien d’autres cas. Condition, a priori, requise pour assurer son équilibre extérieur, c’est pourtant sur ce front que la Turquie trouve ses principales faiblesses. Sa dépendance aux importations d’hydrocarbures et sa forte exposition au marché européen, bien peu porteur ces dernières années, en sont les principales causes, sur fond de laxisme monétaire et de surendettement des entreprises qui ont largement empiré la situation.

Mais sauf, les effets délétères de ces dérives sur la devise et, par voie de conséquence, sur l’inflation, l’électorat n’est guère sensible à ces arguments, surtout si le gouvernement donne l’impression d’y remédier par des revalorisations spectaculaires des minima salariaux, quand bien même inférieures à la hausse des prix. Il est décidément bien difficile de trouver sur le terrain économique de solides raisons d’imaginer que le régime autocratique en présence soit sérieusement menacé quand bien même les élections de ce week-end se joueront sur bien d’autres fronts, en particulier sur les enjeux sociétaux, culturels, et, peut-être, géopolitiques. Quoi qu’il en soit, l’ascension économique de la Turquie depuis vingt ans, confère au pays une place stratégique centrale.

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Une rentrée jonchée de peaux de bananes

L’été financier s’est finalement déroulé dans un climat de torpeur bienveillante, successivement entretenu par la promesse d’un accord commercial entre l’UE et les Etats-Unis début juillet, les bons résultats des sociétés, puis, récemment, l’espoir suscité par l’annonce d’une reprise du dialogue entre les Etats-Unis et la Chine. Couronné par de nouveaux records du Dow Jones et du S&P 500, l’ensemble a permis de ravaler les multiples sujets de crispations notamment occasionnés par la crise des pays émergents, dont le point culminant avec la crise turque autour du 15 août a fini par être relégué au rang de nervosité épidermique saisonnière -sans conséquence fondamentale, donc- permettant, y compris, aux marchés européens de se ressaisir en toute fin de période.

La rentrée pourrait être plus épique à en juger par la tournure de la conjoncture mondiale et le nombre de dossiers en suspens que les prochaines semaines verront rouvrir. Un retour à la réalité susceptible de prendre à contrepied nombre d’investisseurs récemment tentés d’imaginer que les records franchis par les indices américains ouvrent, de facto, la voie à un nouveau round de hausse des marchés mondiaux, européens tout particulièrement.

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Turquie, la crise de trop

La complaisance des marchés est-elle sur le point de lâcher prise dans le sillage de la crise turque ? L’hypothèse est loin d’être fantaisiste à en juger par les réactions en chaine de ces derniers jours. Il faut dire que des couleuvres, les marchés en ont ravalé ces derniers mois et que la coupe est déjà bien garnie. Derrière la crise turque se cache non seulement une situation économique de plus en plus préoccupante du monde émergent dans son ensemble mais également la remise en cause d’un espoir que nombreux continuaient à alimenter jusqu’à récemment : celui d’une guerre commerciale qui n’aurait pas lieu.

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