Accélérations de l’histoire et failles européennes

Pandémie, crise climatique, résurgence de l’inflation, guerre russo-ukrainienne… Les crises d’ampleur inédite s’enchaînent depuis deux ans et préfigurent les pourtours d’un monde de plus en plus instable face auquel on ne peut que constater le désarroi de populations tellement peu préparées à ces bouleversements que les consciences peinent à en accepter la réalité.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie propulse l’Europe dans une situation de crise qui met au grand jour les failles de sa construction, que nombreux observateurs se sont lassés de rappeler : dépendance énergétique, inexistence diplomatique et militaire, souveraineté défaillante… Si nul ne sait dire, à ce stade, quelle sera l’issue de la crise russo-ukrainienne, on peut sans grand risque de se tromper avancer qu’il s’agit d’une nouvelle et complexe épreuve pour l’Europe, en première ligne d’un conflit qu’elle ne maîtrise pas et dont on ne peut que redouter qu’elle ressorte très affaiblie

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L’espoir européen semble à portée de main. N’est-il vraiment pas permis?

A l’occasion d’un échange avec une journaliste sur les perspectives de rebond conjoncturel des différentes régions du monde, je me suis surprise à formuler l’idée que l’Europe puisse constituer l’un des meilleurs partis. Il y a tellement longtemps qu’une telle perspective ne s’était offerte qu’elle surprend même son auteure. Comment la justifier ?

Le raisonnement tenait en deux points.

1-  La maitrise de la maladie conditionnerait le calendrier de sortie de crise ; l’Europe s’en sortait plutôt bien à ce stade. L’Asie du sud, encore mieux, mais cette dernière retrouverait difficilement une situation assainie tant que l’épidémie sévissait dans trop de pays dont son activité dépend.

2-  Les initiatives contracycliques pendant la crise et les mesures de relance pour préparer la suite donneraient plus ou moins de chance de transformer la sortie de crise en reprise pérenne. Or, là encore, force est de constater, que les mesures anti-crise européennes ont été d’une inédite efficacité, au point parfois de faire oublier la réalité du choc subi. Manquait toutefois l’assurance de politiques aussi enhardies au sortir de l’épidémie. Les mesures de sauvegarde ont tellement aggravé la situation financière des entreprises et des États que le risque que l’économie européenne s’englue à l’avenir dans une déflation chronique ponctuée de crises à répétition était encore largement dominant. Restait cependant l’espoir que la prise de conscience de la gravité de la situation dont témoignait l’initiative de relance franco-allemande l’emporte et fasse bouger les lignes de la solidarité européenne.

Cet espoir qui semblait à portée de main en début de semaine s’évapore peu à peu à l’approche du sommet européen. Or, s’il est interdit d’espérer, à quoi bon croire en l’Europe ?

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Rien ne va plus en Europe

Les mois se suivent et se ressemblent : la conjoncture européenne s’enlise sans que l’on voit ce qui pourrait la sortir de l’ornière à brève échéance. L’indicateur avancé de l’OCDE pour l’Europe est retombé en septembre à un plus bas niveau depuis février 2013, dernier des sept trimestres de la récession essuyée à l’époque par la zone euro. Les informations reçues depuis cette dernière publication n’incitent pas à penser que les choses se soient arrangées. Le contrecoup du ralentissement des échanges mondiaux affecte sévèrement les industriels tandis que les situations domestiques souffrent tout à la fois de l’écrasement des gains de pouvoir d’achat des ménages et d’un climat politique délétère auquel se confrontent trop de gouvernements. Alors que les négociations sur le Brexit tournent au fiasco, que le blocage entre l’Italie et la Commission européenne menace d’aboutir à une nouvelle crise et que la situation politique allemande devient de plus en plus critique, l’ensemble n’est guère engageant à la veille des élections parlementaires de mai prochain.

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